J'avance, tel une âme vagabonde ( Kiyo et Ibis)

Dans une matiné ou la brume tapissais le sol, je distinguais la masse inquiétante d'une forêt lointaine où m'amenais mes pas . J'avançais sans vraiment savoir ou mes pas me mèneraient. Sans savoir non plus ce que je cherchais. Tout ce que je faisais n'avait pas de sens. Mais en même temps, rien n'avait particulièrement de sens. Pourtant, quelque chose me disait qu'il arriverait quelque chose de moins banal que d'habitude.
Bien sûr, mon instinct n’emmena dans un endroit particulièrement douloureux. Là ou ma mère m'avait annoncé son départ avec un étalon. Celui qui me l'avait prise... qui me l'avait volée .

Les chevaux m'évitaient, en particulier, parce qu’ils ne trouvaient rien d'intéressant chez moi. Faut dire j'étais qualifiée de bonne amie sympa mais un peu ennuyeuse, et puis, c'était parce que je ne révélais jamais ma vrai personnalité, et je faisais souvent attention à ne pas péter un délire pour n'importe quoi. Pourtant, dans ma tête, c'était tout à fait le cas : je délirais. C'est juste que je ne le montrais pas. A ce moment là j'essayais de ne pas trop approcher des poulains avec la saison des naissances après les chaleurs passés. Si je me mettais à me prendre pour une de ses crapules et joue avec elles comme une pouliches complètement folle, j'aurais des nouvelles des adultes et m'en prendrais surement pleins la tronche. C'est pourquoi je me retirais la tentation en les évitant tout simplement. J'appréciais simplement le bruit de mes sabots sur le sol, un à un.

Même si il m'amenait un flot d'images et des souvenirs dans ma tête, cet endroit restait apaisant rien qu'à l'odeur des pins et des autres arbres qui fleurissaient tout juste . Exactement comme la dernière fois, ou plutôt l'unique fois où j'étais venue. La petite brise printanière vint titiller mon dos et m'amena l'odeur d'un autre cheval. Un étalon. Je me retournais mais ne vis rien. Peut-être était-il encore loin. Peut-être lui aussi passerait à coté de moi simplement. Juste un croisement banals. Rien avançais depuis le jours de ma naissance dans ce monde de plus en plus cruels et brumeux.