Peur en groupe. |Xaalan - Seminex - Brigand|

« Plus on prend de la hauteur et plus on voit loin. »

SOLEIL - KURAI - SONGE - BRIGAND
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« Le destin est ce qui nous arrive au moment où on ne s'y attend pas. »

Il y des choses, comme ça, qui arrivent sans prévenir. Des choses qui nous surprennent, et qui parfois nous changent. Des choses que même le plus grand des devins ne parviendrait à imaginer. Ces choses là que l’on croit simplement destinée aux autres. Ces choses qui frappent. Ces choses qui en un rien de temps, suffisent à nous faire rêver. A nous faire vivre. On ne les imagine jamais, ces choses-ci. Mais pourtant un jour elles surviennent, entre deux habitudes mornes. Et quand elles arrivent, alors l’on ne sait pas quoi faire. L’on doute, mais pourtant le temps de s’arrête pas. Il s’écoule, ne laissant aucun instant pour réfléchir, pour se préparer. Elles surviennent, ces choses, mais parfois s’en vont aussi vite qu’elles sont arrivées. L’on ne s’y attend jamais, biensûr. Dans certains cas, cela nous apporte tant que la vie semble un moment illuminée. Mais dans d’autres, la noirceur de l’instant aveugle, la douleur qu’elle implique tue. Que ferais – tu, toi, si l’une de ces choses t’arrivait ? C’est dur, n’est-ce pas, de pourvoir le dire. Serais-ce d’ailleurs possible, qu’une telle chose te survienne ? Peut être pas. Car cette manière là que tu as d’attendre la vie, te prépare à n’importe quoi. Voilà une telle différence, avec nombre d’autres personnes. Tu t’attends à tout, toi. Et ces choses si mystérieuses, si rapides, si vives, si imprévisibles … Pour toi ce n’est autre que le destin. L’évidence même de la destinée.

Ce matin-là, Brigand s’était éveillé à l’aube. Sans doute réveillé en sursaut par l’un de ces cauchemars qui hantent les nuits d’automne, et qui glaceraient même le sang du plus courageux. N’ayant le cœur qu’à attendre que le temps passe, comme à son habitude, il n’hésita pas à s’éloigner du troupeau. Tous les jours il s’en allait loin de ces chevaux qui auraient du être ses frères. Relation fraternelle uniquement soudée par les liens du cœur et non du sang, évidemment. Il partait Dieu seul sait où, en quête de nouvelles aventures, de nouveaux paysages. Le cœur léger et l’âme en paix, il marchait des jours entiers, pour revenir ensuite de là où il venait. Pourquoi n’était-il jamais partit ? Pourquoi n’avait-il jamais décidé de quitter ce troupeau une bonne fois pour toutes ? C’était hélas une grande question, oui. Mais la réponse était évidente, en tout cas pour lui. Ce troupeau, c’était là où sa mère l’avait laissée. Cette jument qu’il avait tant aimé … Secrètement, l’espoir qu’un jour elle revienne persistait dans l’esprit de l’étalon pie. Il rêvait parfois qu’elle re surgisse comme elle avait disparu. Rêves enfantins, songes puériles, sans nul doute. Peut être était-elle morte. Depuis le temps, voilà une chose qui était fort probable. Alors il demeurait chez cette Storm, gardant officiellement son grade de membre de troupeau. Bien que peu connu de tous, Brigand avait lui prit le temps d’étudier chacun de ses camarades. Il connaissait leurs noms, leur manière de vivre, et son sens très perfectionné de l’observation s’avérait être d’une grande utilité. Connaître sans être connu. C’était ce qu’était Brigand. Inconnu mais connaisseur. Et c’était ce qui faisait son unique force. Car maigre comme il était et si peu musclé, seule sa force mentale faisait de Brigand un redoutable étalon. Il errait donc, en ce matin froid de début d’automne, comme un oiseau timide que le soleil attire. Ses pas marchaient droit vers l’astre du jour, qui doucement pointait ses rayons à travers la campagne. Il n’aurait su dire combien de temps il marcha, mais il savait qu’il avait quitté ses Terres. Bientôt, il arriva près de hautes montagnes éclairées par le soleil levant. La lumière orangée baignait les alentours dans une ambiance flamboyante, et pourtant si douce. Le silence régnait en ces montagnes, et Brigand s’y aventura, curieux de découvrir un nouvel endroit si mirifique.

Il ne tarda pas à atteindre l’un des sommets de la montagne, et contempla avec une stupéfaction et un émerveillement les plus totales, l’éblouissant paysage qui se déroulait sous ses yeux bleus. Il cru un instant discerner ses Terres, dont il avait plus d’une fois fait le tour complet. Il les connaissait par cœur, et puis sans mal distinguer les sources d’eau, et tous autres endroits. Fier d’avoir si longtemps marché, il se reposa un peu sous le petit soleil. L’herbe était assez rare, mais Brigand n’avait de toute façon pas très faim. Son frêle corps lui donnait l’allure d’un très petit cheval, et on pouvait même voir ses côtes saillir son pelage pie gris. Il avait prit l’habitude de très peu manger, et comme il se dépensait beaucoup, cela n’avait favorisé ni sa croissance, ni son allure. Il faisait faible et petit. Pourtant, il n’était pas faible. Et sa petite taille était parfois un atout … De taille, justement. Et quand il se croyait merveilleusement seul, et qu’il pu soupirer librement de satisfaction, Brigand respira l’odeur de plusieurs chevaux. Quel ne fut pas son étonnement ! Car ce n’était pas un seul cheval qu’il avait sentit, mais bien plusieurs. Qui étaient-ils, pour avoir décidé de venir s’isoler au même endroit que lui, et au même moment ? Surpris, il marcha en direction des odeurs, les oreilles pointées en avant. Il cru entendre quelques voix, avant de sentir le sol trembler sous ses sabots. Un éboulement de grosses pierres arrivait rapidement dans sa direction, et d’un bond majestueux, il atteint une plate forme un peu plus haute, qui heureusement ne fut pas touchée par les pierres. Au fur et à mesure que les rochers dévalaient la pente de la montagne, ils étaient de plus en plus nombreux. Brigand le regarda arriver tout en bas, avant de chercher du regard des autres chevaux, inquiet. Eux avaient été sur la trajectoire de l’éboulement, et l’étalon pie se mit immédiatement à leur recherche, voulant s’assure qu’aucun d’entre eux n’était blessé … Ou mort. Il alla là où il les avait entendus, mais aucune trace d’une présence. Juste la poussière soulevée par les pierres, qui le fit tousser. Réfléchissant à l’endroit où tous auraient bine pu aller, il remarqua un peu plus loin une sorte d’entrée de grotte bouchée par des rochers. L’accès n’était pas très facile, mais l’agile Brigand y arriva sans trop de mal. Ses sabots claquaient contre la roche, et une fois face à cette sorte de grotte, il entendit une voix résonner. Ils étaient pris au piège. Enfermés par ce mur de roche, plus haut encore que Brigand lui-même. Inquiet, il haussa la voix pour que les chevaux à l’intérieur l’entendent.

« Êtes-vous vraiment là dedans ? »

Evidemment, il savait bien qu’ils étaient là. Mais c’était une manière de faire connaître sa présence aux chevaux. Il avala lentement sa salive, espérant pouvoir les libérer d’une manière ou d’une autre, sans faire courir de risque à personne … Sauf à lui. Car Brigand n’avait jamais peur. Pas même de la mort, pas même des blessures. Il n’hésitait jamais à mettre sa vie en jeu pour les autres. Car malgré le fait qu’il soit solitaire et qu’il ai peu d’amis, il sait que nombre de chevaux craignent la mort. Lui, non.