~ C'est mon histoire, pas la tienne... ♠ Ithaa

Tout ses gens qui la prenne pour elle, pour cette jument. Cette grande jument dorée. Cette grande jument dont elle a hériter cette si jolie robe soleil. Et ses yeux emeuraude qui brille au soleil. Ses crins blanc rappelle plus son père, ce qui gâche un peu la beauté de sa robe. Mais quand elle sera plus grande, bon nombre de gens ont dit qu'ils deviendront eux aussi, flamboyant. Presque autant que ceux de sa mère. Sa mère, la jument bleu. Elle lui en veut tellement. Elle lui a mentit, elle ne lui a pas dit que sa vrai mère était morte... Mais comme la jument bleu a dit, c'était pour la protéger. La protéger de quoi ? Franchement, elle aurait dut le savoir ! Elles ne se ressembles absolument pas. D'ailleurs, bon nombre de fois elle leurs à demander, à lui et elle, qui était son père. Si, comme maman, il était mort. Mais bien évidemment, ils n'avait pas répondus... Elle leurs en voulait, même si bien vite, elle était revenue vers eux. Elle n'est pas rancunière, elle ne le sera jamais.

Ce matin, elle est partit gambader. Ses longues gambettes s'entre mêle parfois, mais elle se reprend bien vite. Son galop est déjà souple et élégant. Fine et svelte, sa silhouette passe comme une ombre. Personne ne la voit, comme si elle était invisible... Mais elle s'en fiche, elle en profite. Ses grands yeux vert deviennes vite emeuraude avec le soleil. Alors elle s'arrête et profite du vent dans ses crins et du soleil radieux sur son visage. Un bruit la dérange. Un bruit d'eau, un bruit d'une cascade. Alors, elle rouvre les yeux et trottine vers le bruit. C'est yeux s'agrandissent à la vue d'un telle paysage. Comme c'est beau, comme c'est jolie, ce dit-elle. Elle s'avance vers l'eau, la tête en l'air car elle fixe le haut de la cascade. Tout en haut se trouve une silhouette. Elle aimerait l'interpeller... Alors, de toute sa respiration, elle hennit à s'en déchirer la gorge et les poumons. Elle veut se faire voir de la silhouette. Elle l'intrique... Un rugissement parvint à ses oreilles. Ce n'est pas un cheval. Ce n'est pas un ami. Elle est en danger. Elle ouvre de grand yeux, et alors que l'énorme puma descend à grand pas la cascade, elle commence à galoper. Mais rapidement, le puma arrive derrière elle. C'est alors qu'elle tourne la tête pour le voir bondir sur elle. Et, d'un coup, elle se retrouve part terre, le puma accrocher sur son dos. Un hennissement de douleur sortit de sa gorge, un hennissement puissant. Elle appelait quelqu'un. Quelqu'un pour l'aider.

C'est alors qu'au loin, une ombre arriva. Qui était-ce ? Un cheval, cette fois ? Elle ne savait pas, mais elle avait besoin d'aide à tout prit ! Elle allait sombrer... Le puma la retourna d'un coup et planta ses griffes dans son encolure. La jeune pouliche hennit encore, le sang coulant encore et encore. Un voile noir passa sur ses yeux et elle comprit qu'elle allait partir si quelqu'un ne venait pas. A l'aide, pleura-t-elle silencieusement.

La matinée s'achevait lorsqu'Ithaa passa devant un lieu qui lui rappelait de douloureux souvenirs. Une rivière provenant d'une grande chute d'eau rocheuse s'écoulait en un gargouillis rond et frais. Autour, une petite plage de gravillons et puis venaient les arbres qui déployaient majestueusement leurs ramures au dessus du cours d'eau. Intriguée et étrangement nostalgique, Ithaa se dirigea vers l'endroit à pas mesurés. Des larmes salées embuèrent ses yeux alors qu'elle entrait dans l'eau cristalline, immergeant ses sabots. Elle revoyait sa rencontre avec la jument dorée... Comme elle regrettait de ne pas avoir pu sympathiser avec elle... Ambre... Ce nom la hantait au plus profond de son âme. Ithaa s'en voulait de ne pas avoir su lui parler, communiquer avec elle pour aujourd'hui ne pas avoir ce désagréable sentiment d'être passé à côté de quelque chose.

La jument noire s'ébroua, faisant voleter ses crins autour d'elle, se créant une aura unique et éphémère. Ses prunelles de jais se détachaient parfaitement sur ses iris myosotis dans la forte lumière du soleil qui lui faisait face. Légèrement éblouie, elle cligna des yeux, tentant de chasser les rayons indiscrets qui pointaient droit sur sa rétine. Battant des cils, elle fixait la cascade à quelques mètres d'elle. Elle pouvait voir un jeune cheval dont les hennissements l'interpellaient. Intriguée, la jument ying et yang s'approcha doucement du petit être. Elle s'abrita du soleil sous le toit végétal que formaient les arbres afin de mieux observer la scène. Plissant les yeux pour mieux voir, elle crispait ses mâchoires. Ithaa ne voulait pas jouer les troubles fête en s'invitant dans une discussion qui n'était pas la sienne ou en gâchant l'intimité des deux individus à la cascade. Malheureusement, elle était trop loin pour voir et si elle s'avançait, elle serait alors trop proche pour ne pas être vue... Fermant les yeux, elle ouvrit ses naseaux ciselés et huma profondément l'air. Elle pouvait presque sentir cette goulée d'air descendre le long de sa trachée et envahir ses poumons, ses bronches, gonflant son thorax puis ses flancs noir zébré de bleu. Elle se concentra sur les saveurs de l'air, écartant celle de l'humidité et de la chaleur, analysant celle des arbres et de leurs habitants à poils et à plumes. Elle pouvait sentir l'odeur d'un poulain, celui qu'elle avait identifié en bas de la falaise. Quant à l'autre animal... Il s'agissait certes d'un mammifère mais ça n'était absolument pas un cheval. Cet animal sentait le danger... la mort...


"Un Puma!"


La jument tricolore souffla ce nom redouté entre ses dents, ouvrant ses grand yeux bleus affolés. Alors qu'elle allait se précipiter pour éloigner le jeune poulain de là, une odeur unique, métallique et salée, envahit brusquement l'air concomitant, un hennissement apeuré déchira l'air. Ithaa hennit au poulain qu'elle venait le sauver. Elle partit en un galop endiablé, faisant voler l'eau et les cailloux sous ses sabots, les branches fouettant son visage alors qu'elle fonçait fougueusement vers le carnassier. Ce dernier avait bondit de la falaise et agrippait le poulain de ses énormes pattes grffues, Ses crocs menaçants tentaient de trouver une prise dans le corps du petit qui se débattait en vain. Ecrasé par la bête, il ne put échapper au félin qui enfonça ses crocs dans son encolure tendre.

Redoublant de vitesse, Ithaa prit son élan et décocha une ruade de travers à l'assaillant. Il vola avant de s'écraser sur les rochers mais voyant que la jument représentait un bien plus gros gibier, il bondit sur son dos, délaissant sa proie précédente. Ithaa hennit sous l'impact et ses genoux ployèrent sous le poids de l'animal qui entreprit de s'accrocher à la jument en ancrant ses griffes dans ses flancs. Ithaa pouvait sentir le sang chaud couler et coller son poil. Elle tenta un saut de mouton pour l'éjecter mais cela ne fit qu'entailler plus encore ses côtes. Elle sentit des crocs chercher son garrot et se roula dans la rivière, portant tout son poids sur son dos. Ses efforts ne furent pas vains, le puma lâcha sa chair et atterit dans la rivière couvert de sang poisseux d'équidé qu'il lécha prestement avant de s'attaquer aux jambes de la jument. Cette dernière, affaiblie par ses blessures, se cabrait et ruait pour empêcher son assaillant de lui briser les membres. Tournant sur elle même, elle jetait ses sabots en direction du puma, essayant de l'atteindre au visage pour l'assomer. Soudain, alors que ses muscles commençaient à bruler et que la douleur augmentait en flèche, elle stoppa net et s'écroula sur elle même comme un bloc. Immobile, elle attendit de sentir l'haleine du félin sur son visage, son poids sur son corps et ses griffes dans ses crins. Quand elle sentit qu'il allait lui porter le coup fatal, elle bondit pour se relever, déséquilibrant le félin prit par surprise. Tombé à terre, il était désormais vulnérable et elle en profita pour enfoncer ses sabots dans son thorax. Aucun son ne sortit de sa bouche, seul un soupir succédé d'un gargouillis de sang se fit entendre. Les yeux du puma se révulsèrent et ses flancs restèrent de marbre.

Harassée, elle se tourna vers le poulain lui aussi couvert de sang, le puma mort, elle put lui tourner le dos sans crainte. Ses yeux saphir s'embuèrent, des nuages rouges parsemés de flashs noirs et blancs de plus en plus nombreux l'aveuglaient. Elle tituba, flageolant sur ses jambes aux muscles secs mais puissants. Elle baissa l'encolure et but de longues gorgées d'eau, jusqu'à ce qu'elle retrouve une vision presque normale. Elle voyait toujours flou lorsqu'elle observa le poulain et sa robe dorée maculée de sang séché... Il ressemblait tellement à... Il était si... Elle s'approcha du petit pour l'observer de plus près et vit qu'il s'agissait d'une pouliche. Clignant des yeux, Ithaa tenta d'affuter sa vision en vain et s'allongea au côté de la pouliche blessée qui lui rappelait tellement


"Ambre..."

Ses griffes dans sa gorge. Elle se débat, le sang chaud lui colle à la peau. Elle sent vite sa respiration devenir saccadée. Elle a peur, ses yeux sont grands ouvert. Elle n'arrive plus à appeler au secours, sa gorge est sèche et dur. Elle lui fait mal. Elle n'entend plus rien, elle ne fait que voir. Puis, alors qu'elle sent le souffle du puma prêt de sa gorge, lui qui va donner le coup finale, il part en arrière, deux sabots l’envoie au loin. Anis ne comprend plus rien... Qu'arrive-t-il ? C'est maman ? Elle arrive doucement à prononcer ce mot, ce mot qui se veut réconfortant pour elle. Mais elle n'arrive plus à retenir les larmes. Elle coule le long de ses joues alors que plus loin, elle entend des hennissements, des grognements, des rugissements. Anis ferme les yeux, les sert le plus fort qu'elle peut. Ses naseaux s'ouvre dans un rythme endiabler, il lui brûle. Mais ce qui lui fait le plus mal, c'est ces griffures, ces morsures sur son garrot.

Elle convulse. La douleur est affreuse. Pendant prêt de quelques secondes elle ne sait plus où elle est. C'est alors qu'un corps chaud la ramène à la réaliter. Elle se calme. Elle sent un souffle, elle sent des yeux la fixer. Alors, ses jolies yeux vert s'ouvre sur une jument noir d'ébène. Elle ne fait plus la différence avec rien. Du sang, du sang... Du sang. Partout du sang. Sa robe dorée est tachée de cette couleur écarlate. Les mots sorte de la bouche de la jument :

"- Ambre..."

Alors Anis pleure. Les larmes coulent le long de ses joues. Plus jamais elle ne veut avoir affaire à ce prénom. Tous, sauf celui-là. Tous, sauf celui de sa mère. Doucement, elle souffle à son tour le prénom d'Ambre. Ses yeux se ferme. Elle sent sa force faiblir, elle sent le sol tourner, elle sent sa tête devenir lourde. Alors, dans un souffle elle soupire :

"- Maman, maman..."

Pendant quelques secondes, elle regarde la jument ébène dans les yeux. Deux yeux saphirs qui la sonde. Elle essaye de sourire, mais c'est une grimace suivit d'un gémissement de douleur qui prenne place. Comme elle a mal, comme elle souffre. Elle essaye de se relevait, mais sa tête tourne, et elle retombe lourdement sur le sol. De nouveau les larmes prennent place, et le mot maman revient sans cesse. Puis, elle essaye de nouveau de se relevait. Elle hurle de douleur, la blessure la tiraille. Elle hurle alors, elle hurle encore pour se donner du courage :

"- MAMAN ! MAMAN ! MAAAAMAN !"

Ses yeux pleins de larmes croises ceux de la jument ébène. Dedans, ont peut voir de la détermination, de la souffrance, du courage, de la douleur. Anis tourne la tête pour ne pas avoir à regarder le pitier que la jument lui offre. Elle ne veut pas de pitier, tout mais pas ça. Elle soupire et reprend son essaie. Plus elle essaie, plus la blessure la tiraille, et plus elle perd de sang... Blood. Blood. Du sang, su sang partout. Sur la terre, sur la robe dorée, sur la jument d'ébène...

D'étranges tâches noires flottaient sur un écran blanc immaculé. Ces tâches d'encre se déformaient, dansaient, formant une farandole hypnotisante. Tantôt elles prenaient la forme d'arbres, tantôt on aurait cru une rivière. Parfois elles semblaient s'assembler pour former un cheval allongé. Désordonnées, leurs mouvements aléatoires tournaient la tête d'Ithaa perdue dans ce monde plat où aucun repère ne lui était offert. Ses sens étaient chamboulés, le sol lui semblait froid mais elle n'aurait pu dire s'il était dur ou meuble, si elle se tenait debout ou bien assise. Béate, elle fixait les tâches devant elle qui s'allongeaient encore et encore jusqu'à prendre une allure rectiligne, formant d'étranges courbes mouvantes. S'entrecoupant, se chevauchant, se croisant, se superposant, s'éloignant pour mieux se rapprocher les unes des autres. L'écran rayé changeait progressivement lui aussi, procurant un fond coloré aux sinusoïdales qui le parcouraient. Rouge, Jaune, Vert, Bleu, au arc en ciel de couleur défilait, prenant différentes formes à différents endroits, plus ou moins rapidement. L'étrange ballet sembla s'organiser peu à peu alors que la jument percevait de mieux en mieux l'environnement. Le sol tout d'abord, des gravillons humides qui s'enfonçaient sous son poids et dont les angles aiguisés perçaient sa peau douce. Un son régulier et relaxant en fond sonore résonnait dans son crâne, une sorte de chute d'eau certainement. Un concert de chants d'oiseaux et un clapotis humide finissaient de compléter le tableau. Néanmoins, un autre son, plus lourd, moins mélodieux et inquiétant inquiétait Ithaa. On aurait dit un souffle, rauque, sifflant, difficile, les derniers soupirs d'un animal blessé.
Blessé...
L'odeur du sang assailli à la jument noire à plein nez, embrumant ses pensées dans un nuage pourpre et noir. Elle cligna des yeux, sa vue s'affina envoyant l'étrange écran s'accrocher au réel, replaçant les rochers, les arbres, la rivière... Révélant à Ithaa la dépouille du Puma et la pouliche pie ensanglantée en face d'elle qui chuchotait en expirant difficilement quelques goulées d'air chaud


"Maman, maman..."


Surprise, Ithaa sursauta, papillonnant des oreilles et clignant deux fois ses yeux myosotis. En pleurs, la pouliche continue sa complainte, gémissante, grimaçante. Elle semble tenter de se relever mais s'écroule sitôt sa tête quitte le sol. Elle hurle désormais sa douleur à pleins poumons, scandant ce mot salvateur, hélant le seul être qui pourrait la consoler dans une telle situation.


"MAMAN! MAMAN! MAAAAMAN !"


Sa mère... Cette pouliche si semblable à Ambre appelait sa mère qui ne venait pas. Ce fut comme un flash, un coup de poing, un éclair qui frappa Ithaa de plein fouet. Elle secoua la tête, s'ébrouant pour cacher le trouble dont elle venait d'être saisie. Ambre était la mère de cette pouliche, Ambre qu'elle avait voulu aider à mettre bas... Ce petit être agonisant était sa dernière fille, son dernier enfant, le dernier acte de sa vie de jument et de mère. L'image de la jument dorée souffrant mille maux avant de pouliner se superposa à celle de sa fille ensanglantée. Une phrase naquit dans sa tête et commença à se répéter sans discontinuer.


"Pas encore... Cela ne peut pas recommencer, l'histoire ne doit pas se répéter!"

Se levant d'un coup, ignorant sa propre souffrance, elle remplaça Ambre au chevet de sa fille. Elle alla lécher ses blessures les plus superficielles en susurrant des mots réconfortants. Cependant, le sang ne coagulait toujours pas au niveau des entailles les plus profondes et le corps de la pouliche était de plus en plus fiévreux, de plus en plus faible. Ses muscles se relâchaient et ses paupières semblaient cligner. Ithaa craignait qu'elle ne perde connaissance, ses yeux se révulseraient et sa langue s'épaissirait, risquant de l'étouffer. La jument ying et yang essaya alors de pousser la pouliche vers la rivière, l'eau fraîche et peu profonde aurait finit de nettoyer ses blessures et l'aurait maintenue éveillée. Malheureusement, ses propres forces s'éteignaient peu à peu et Ithaa ne réussissait pas à bouger la pouliche. Ses muscles la brulaient et elle avait l'impression de s'arracher les flancs à chaque mouvement. Elle se relacha, desserant ses dents autour de la crinière de la petite pie. Relevant la tête, elle jaugea la distance qui la séparait de la rivière. L'idée qui germait dans sa tête semblait réalisable. Contournant le corps blessé de la fille d'Ambre, elle se précipita dans l'eau, ruant de toutes ses forces pour éclabousser la pouliche. Cela sembla marcher, le sang poisseux, collant, se liquéfia assez pour quitter le poil de la pouliche, blanchissant ses marques et rougissant la rivière. D"épais nuages d'un rouge sombre troublèrent les eaux cristallines avant de se disperser dans le courant.


"ALLEZ! Debout! Tu dois vivre petite pouliche! Tu dois rentrer chez toi, retourner chez les tiens... Fais le pour ta mère. Fais-le pour celle que je n'ai pu aider. Je t'en supplie!"

Ithaa crut rugir cette phrase, exhortant à la pouliche de s'accrocher à la vie. Un filet de bave coulait de sa bouche tandis qu'elle luttait pour continuer à l'arroser encore et encore, tentant d'oublier les hurlements déchirants de ses muscles, ses membres flageolants tordus par la douleur.

Verts. Ses yeux verts pleuraient. Les larmes roulaient sur ses joues tandis qu'elle criait et hurlait sa douleur. Ses plaies ne séchait pas, mais la fond de sa gorge devenait sec et dur. La rivière, pas si loin que ça, lui paraissait impossible à atteindre. Elle avait perdue toute notions de temps. Elle était entrain de se dire qu'elle allait mourir, et, petit à petit, ses membres se raidissaient sous elle, ses muscles la brûler. Elle avait mal, mais elle essayait de se lever sans relâche. Mais elle lâcha. Elle lâcha et se retrouva sur le sol, le crâne en compote. Anis pleurait maintenant silencieusement. La jument d'ébène se leva alors et commença à la lécher. La jeune pouliche ne broncha pas. Ce n'était pas sa mère, mais cela lui faisait un bien fou ! Les paupières d'Anis devint lourdes, pesantes. Mais elle essayait tant bien que mal de les garder ouvert, juste pour elle.

La jument d'ébène.

Anis savait. Anis avait toujours su. Cette jument connaissait sa mère, sa vrai mère. Elle l'avait su à la seconde ou elle l'avait vu. Les yeux de la jument avait exprimer une tristesse tellement profonde... Comme si quelques choses la hantait. Et c'est là qu'elle avait su, quand elle avait prononcer ce prénom. Ambre. Anis aurait tant voulus la connaitre, la chérir, jouer avec elle. Sa mère, elle est morte. Elle est véritablement morte. Et tout ça, pourquoi ? Pour la mettre au monde.

Anis ne put s'empêchait de fermer quelques secondes les yeux. Il était dur de les rouvrir, mais elle le fit. C'est alors que la langue chaude et rappeuse de la jument d'ébène ne fit plus effet sur son corp tremper de sueur et de sang. Elle n'avait pas la force de tourner la tête pour savoir où elle était. Alors, elle la reposa sur la terre, pensant qu'Ithaa l'avait abandonner. Et, quand elle sentit l'eau fraîche et douce de l'étang, elle sursauta. Ses yeux s'ouvrir en grand et elle hennit de stupeur. Mais pas un grand, un petit, avec le peu de souffle qu'il lui restait. La sang coula le long de son encolure et partit vers l'étang d'eau. Anis sentait ses blessures la tirait. Surement était-elle profonde. C'est alors qu'un rugissement parvint à ses oreilles. La jument lui hurlait dessus, elle lui hurler de s'accrocher :

"- ALLEZ ! Debout ! Tu dois vivre petite pouliche ! Tu dois rentrer chez toi, retourner chez les tiens... Fais le pour ta mère. Fais-le pour celle que je n'ai pu aider. Je t'en supplie !"

Les yeux verts kaki d'Anis se fermèrent subitement. Ses nerfs et la fatigue l'avait fait lâcher. Elle entendait encore les cries de la jument dans ses oreilles. Sa blessure la brûler, ses membres raidis la faisait encore plus souffrir. Elle n'était pas inconsciente, c'est juste ses yeux qui était fermer. Elle essayait de récupérer son souffle, sa fatigue était toute prête. Elle souffla alors, à bout de souffle :

"- Je suis là. Je suis là. Tu... Tu connaissait maman, pas vrai ?"

Limbo




"- Je suis là. Je suis là. Tu... Tu connaissais maman, pas vrai ?"

Un son, un murmure. Quelque chose. Un miracle peut être? Non... Non... C'était plus réel que ça, plus vrai, plus proche, presque palpable. Avachie dans l'eau rubiconde, Ithaa releva péniblement la tête, s'arrachant à la léthargie qui emprisonnait son corps. Lentement, elle tourna la tête vers l'origine du son, vers la pouliche. Elle scruta ses grands yeux verts et innocents, emplis de larmes, de douleur, de tristesse ainsi que d'une pointe d'incompréhension. Elle passa un éclair bleu métallique sur son corps mouillé et tâché de sang, s'arrêtant un instant sur le rythme saccadé de ses flancs. La fille d'Ambre semblait, tel un phénix, renaître de ses cendres. Bien qu'elle n'ait pas la crinière flamboyante de sa mère, Ithaa cru voir pendant une fraction de seconde un halo aux couleurs du feu encadrer le corps frêle allongé là, en face d'elle, rougissant les gravillons humides.


"Oui. J'ai connu ta mère. Et elle a connu mon frère. Ah oui... Je m'appelle Ithaa. Et toi?"

Irréel. Tout ceci n'était que fiction. Elle était morte, la pouliche aussi, bientôt, elle verrait sa propre mère surgir de derrière le rideau d'eau de la cascade, précédée d'Ambre. Elles viendraient récupérer leurs filles qu'elles auraient voulu chérir plus longtemps que ce que la nature leur a permit. Mais si elle était dans l'au-delà, pourquoi son corps était-il si douloureux et engourdit? Pourquoi son sang n'arrêtait-il pas de couler des entailles béantes qu'avaient laissées les griffes du puma. Elle fit volte face, juchée fièrement sur ses quatres membres, elle huma l'air. L'odeur de sang et d'humidité envahit ses naseaux presque aussitôt. Cette odeur ne pouvait être que vraie. Elle posa un regard attendrit et nostalgique sur la pouliche, se sentant soudain étonnement proche d'elle. Sa mère lui manquait, à elle aussi. Un pincement au coeur, elle revit les dernières images, déchirantes, qu'elle avait d'elle: la fuite, la course... Et puis cette balle assassine qui l'avait stoppée net dans son élan vers une nouvelle vie, qui l'avait empêchée de vivre en harmonie avec la nature, libre, avec sa fille.

Ithaa secoua brusquement la tête: ça n'était pas le moment. Les deux orphelines devaient s'entraider. La jument ying et yang se dirigea donc vers sa congénère, or et argent. Elle bougea lentement ses membres du bout de ses sabots. Ils semblaient engourdis, rigides, la fille d'Ambre ne pourrait pas marcher avec des jambes dans un tel état... Ithaa contourna donc son corps et apposa le bout de son nez à différents endroits pour en sentir la chaleur. Un endroit tiède devait signifier qu'il était normal, chaud c'est qu'il y a une infection et froid devrait indiquer un problème de circulation sanguine... Son manège dura de longues minutes durant lesquelles elle priait pour que la pouliche reste en vie. Fort heureusement, mis à part les blessures infligées par le puma et les jambes de la pouliche, aucun autre problème grave ne semblait se présenter. S'armant de courage, elle puisa dans ses réserves d'énergie et inclina l'encolure. Se pourléchant les babines, elle commença à lécher avec ardeur les membres de la pouliche, partant de sa hanche jusqu'à ses sabots. Debout, elle piétinait sur place, la tête baissée, elle usait sa salive et les dernières pauvres forces qui lui restaient. Sa bouche était pâteuse, emplie du goût salé et métallique du sang et sa langue, désormais râpeuse, était infestée de poils jaunes et blancs. Elle n'avait fait que deux jambes, les deux postérieurs. Il lui fallait trouver une force qu'elle n'avait pas pour faire les deux autres.

Ses blessures s'étaient rouvertes et le sang en coulait à flots, elle se sentait faiblir. Sa vue baissa d'un coup, tout était trouble, distordu, déformé. Ithaa recula maladroitement, trébuchant sur le sol meuble et hétérogène elle tangua à droite avant de rétablir péniblement son équilibre. Elle cligna des yeux mais cela ne fit qu'empirer son état: des tâches noires apparurent devant ses yeux pour se mettre à danser, la narguant presque. Bientôt, ce furent des sortes de flashs noirs et blancs grossissants encore et toujours jusqu'à obstruer totalement sa vision. Elle ne pouvait pas abandonner, pas maintenant, elle avait presque réussi! Un gémissement qui se transforma en hennissement guttural lui échappa. Ithaa avait si mal... Si mal... Elle leva la tête, serrant les dents pour pouvoir articuler une phrase qui franchit péniblement la barrière veloutée de ses lèvres


"Je ne t'abandonnerai jamais... Ja... mais. P-pour Ambre, pour ta m-maman."

En un dernier tremblement, son antérieur droit céda. Ithaa s'effondra sur elle même avec fracas, les cailloux pointus s'enfoncèrent dans son pelage, pénétrèrent dans ses plaies béantes. Ahanant, elle posa sa tête sur le sol avant de lâcher des mots qu'elle craignait être ses derniers:


"C'était une jument formidable, je... n-n'aurai j-j-j-jam-m-ais ssson... coura-ha-age..."

Et puis plus rien. Plus un son, plus une odeur, plus aucune sensation. Elle n'était pas morte. Elle ne voulait pas mourir. S'il y avait bien quelque chose à laquelle elle s'accrochait plus que tout en tout instant, c'était bien la vie. A cet instant précis, elle redoublait d'efforts pour se maintenir sur les berges de la vie, pour ramener une la fille d'une jument qui lui rappelait tellement sa mère à son troupeau. Pour accomplir la volonté silencieuse d'une amie qu'elle n'a pu aider. Pour éviter que l'histoire ne se répète.

Les yeux saphirs de la belle la regarde. Elle la détaille. Sa la gêne un peu, mais elle ne proteste pas. Elle voit bien que la jument est un peu perdue, qu'elle ne comprend pas tout à fait tout ce qu'il ce passe. Elle même est perdue, alors... Elle ne pourra pas l'aider. La jolie et douce voix de la jument retentis de nouveau à ses oreilles. Elle se redressa lentement, ne pouvant pas se lever. Ses membres étaient vraiment, vraiment trop raides sous elle. Ils la faisait affreusement souffrir :

"- Oui. J'ai connu ta mère. Et elle a connu mon frère. Ah oui... Je m'appelle Ithaa. Et toi ?"

Lentement, elle tourna la tête vers Ithaa. Ithaa. Quel jolie prénom. Cela lui aller tellement bien, en plus. Un petit sourire s'afficha sur le visage tuméfiait par la peur et par la douleur d'Anis. Cette dernière soupira vivement et lentement dit :

" - Anis, pour te servir."

Non pas qu'Anis était snob, mais elle avait toujours était élevait comme ça. Sa mère, ou plutôt sa grande soeur, lui avait toujours dit d'être polie envers les étrangers, bien que maintenant, Ithaa n'était plus vraiment une étrangère et plutôt une bonne amie qui lui venait de lui sauver la vie. C'est vrai, quoi. Après tout, si elle n'avait pas était là, elle serait déjà qu'une dépouille dépourvus de chaire. C'est alors qu'Ithaa secoua brusquement la tête, arrachant à Anis un sursaut. Que ce passait-il ? Pourquoi ce geste si brusque ? Mais il n'y avait rien à craindre, et la petite s'en rendit vite compte. Elle soupira de nouveau.

La jument d'ébène s'approcha doucement d'elle, fixant ses sabots, ou plutôt ses membres. Anis ne bougea pas. Ses membres ne pouvaient plus bougeait, de toute façon, alors... De nouveau, la langue douce et chaude d'Ithaa fit son effet sur le poil dur et terne d'Anis. La jeune pouliche soupira sous l'effet que cette langue lui procurer. Ses membres semblait devenir moin raides, plus détendus. Anis soupira encore et posa sa tête sur le sol dur et froid. Elle sentit la langue d'Ithaa se faire, soudainement, plus rapeusse, et moin douce. Elle releva doucement la tête et elle vit les blessures d'Ithaa se rouvrir. Avec le peut de force qu'il lui restait, elle bougea lentement ses membres arrière, empêchant à la jument de les atteindre. Elle aller se tuer, si elle continuer comme-ça; et Anis ne voulait pas d'autre morts sur la conscience. Mais la jument d'ébène continuait. Anis souffle doucement qu'il fallait qu'elle arrête, qu'elle allait mourir, mais elle continuait de lécher. Encore et toujours lécher. Les larmes revinrent au galop, mais elle les empêchas de couler.

D'un coup, Ithaa recula et trébucha maladroitement. Anis hennit de peur et se releva pour retomber de suite. Elle devait l'aider à son tour. Ithaa ne devait pas mourir. Pas maintenant, pas de suite. Pas alors qu'elle connaissait sa mère, pas alors qu'elle se sentait si proche d'elle... Comme une grande-soeur. Plusieurs fois, les yeux de la jument d'ébène clignèrent. Anis ne pouvait s'empêchait de penser que c'était la fin. C'est alors qu'un hennissement de douleur provint de sa gorge. Anis, pour la deuxième fois, essaya de se relever pour aller vers Ithaa. Elle retomba lourdement alors que la voix douloureuse d'Ithaa parvint de nouveau à ses oreilles. Cette voix normalement pleine d'assurance et de jeunesse... Anis souffrait plus qu'Ithaa, peut-être, mais elle devait l'aider, elle le devait !

"- Je ne t'abandonnerai jamais... Ja... mais. P-pour Ambre, pour ta m-maman."

Anis avait la tête et l'encolure levait, les sourcils fronçait, le visage soucieux, les larmes aux yeux. Elle ne savait que faire. Pendant un instant, tout s'arrêta autours d'Anis. Ithaa venait de cédait, Ithaa tomber. Anis ne pus retenir les larmes et ce crie alarmant. Pendant quelques secondes, elle trouva en elle une force qu'elle ne savait d'où elle tenait. Elle se redressa vivement sur ses membres tremblants et s'approcha d'Ithaa. Anis s'écroula à ses côté tendit que la jument soufflait ses derniers mots :

"- C'était une jument formidable, je... n-n'aurai j-j-j-jam-m-ais ssson... coura-ha-age..."

Anis laissa un sanglot lui échappait et cria le nom de la jument d'ébène. Le corp ésanglanté de la jument contre le petit corp frêle de la pouliche. Comme cette image était triste, terne, sans vie... Mais c'était la réaliter. Une seconde fois, Anis cria. Elle cria le prénom et inspira pour hennir.

" -ITHAAAAAAAAA ! ITHAAAA ! REVIENS ! ME LAISSE PAS ! ME LAISSE PAS ! GRANDE-SOEUR... ME LAISSE PAS !"

Anis releva la tête de la jument avec son museau et le relâcha doucement. Elle souffla doucement dedans, espérant qu'elle lui réponde. Puis, doucement, elle posa sa petite tête mouillé de sueur sur l'encolure d'Ithaa. Tien bon, s'il te plaît, Grande soeur... Tien bon. Pensa-t-elle.

Ultimate breath


" - Anis, pour te servir."

Anis... Anis... Comme un écho, se nom se répéta dans la tête de la jument noire, rebondissant sur les parois de sa boîte crânienne indéfiniment avant de se perdre dans les méandres de ses pensées, de sa mémoire. Un éclair doré sembla lui apparaître à travers ses paupières closes, elle crut percevoir des mouvements, un petit être s'agitait autour d'elle... Peut-être la pouliche? Et toujours ce prénom, Anis, qui la hantait. Elle était faible, mais pas éteinte. Harassée mais elle sentait tout un réseau d'énergie parcourir son corps sans pour autant réussir à pénétrer son métabolisme assez profondément pour se remettre sur pieds. Elle sentait un corps chaud contre le sien, sa mère? Non, sa mère était morte il y a des lunes et Ithaa était toujours en vie, au moins deux choses dont elle était sûre. Alors il devait s'agir de la pouliche d'or et d'argent. La pouliche qu'elle avait aidé jusqu'à lâcher prise. Non... Elle ne pouvait pas lâcher prise, pour Ambre, pour elle même... D'ailleurs, si elle vivait toujours, c'est qu'elle n'avait pas abandonné. Elle tenta d'ouvrir les yeux, en vain. Elle était prisonnière de son corps, elle allait mourir, elle allait mourir là sans pouvoir rien faire, se vidant de son sang jusqu'à la dernière goutte, jusqu'à l'asphyxie. Elle allait mourir devant cette pouliche aux yeux verts, lui retirant son dernier espoir. Elle se haïrait pour l'éternité, maudissant son entêtement stupide qui a coûté la vie de deux êtres... Ou pas. Il n'était pas trop tard, peut être qu'en se concentrant, elle pourrait faire quelque chose, bouger, appeler à l'aide... Peut être même mener sa tâche à bien et ramener Anis chez elle.Des larmes salées coulèrent sur ses joues, mais elles ne venaient pas de ses yeux, elles provenaient d'un autre être, tombant, goutte après goutte, sur sa robe de jais. Et soudain, un frémissement suivi d'un cri solitaire, désespéré:


" -ITHAAAAAAAAA ! ITHAAAA ! REVIENS ! ME LAISSES PAS ! ME LAISSES PAS ! GRANDE-SOEUR... ME LAISSES PAS !"

Grande-soeur? L'image de sa mère abattue revint à son esprit en une vague nostalgique. Elle n'avait pas de soeur mais elle avait un frère aîné, Alfératz, qu'elle devait retrouver. Elle l'avait promis à sa mère, elle lui avait promis d'exaucer son dernier souhait. Elle ne pouvait pas s'arrêter là alors qu'elle ne s'était même pas encore engagée sur le chemin. Elle n'avait pas non plus le droit d'abandonner cette pouliche, Anis, alors qu'elle lui avait déjà donné tant d'espoirs. Ithaa sentit soudain une douce caresse soulever délicatement sa tête avant de la reposer précautionneusement. Anis l'avait-elle abandonnée? Avait-elle perdu espoir? S'accrochant aux dernières images qu'elle avait de sa mère, la jument Ying et Yang ouvrit les yeux, contractant avec peine tous ses muscles faciaux pour tirer sur ses paupières comme irrévocablement closes. Soudain, un éclat de lumière assaillit sa pupille et elle sut qu'elle avait réussit. Ses iris myosotis se plantèrent d'instinct dans ceux de la jeune pouliche, émeraude. Elle retira son encolure du sol, la tirant assez haut pour lui donner l'élan nécessaire pour se lever. Elle battit fermement de la queue, envoyant voler poussière et gravillons avant de se mettre en position assise puis de se hisser sur ses postérieurs. En sueur, elle inspira bruyamment quelques goulées d'air avant de vérifier si cette manœuvre n'avait pas empiré ses blessures. Elles n'avaient pas l'air belles à voir mais rien n'indiquait que son état était pire. Ithaa se retourna donc vers Anis:


"Viens Anis, le crépuscule arrive, il faut que tu arrives à te lever, nous faisons des proies faciles ici, nous sommes trop exposées. J'aimerai que ce soir nous ayons rejoint ton troupeau. Je te parlerai de ta mère en chemin si tu me souhaites."

Elle espérait ne pas avoir été trop dure avec elle. Heureusement, même ses plaies les plus béantes semblaient en voie de cicatrisation. De plus, le soleil commençait vraiment à se coucher et les prédateurs n'allaient pas tarder à sortir de leurs tanières pour chasser. Une pouliche complètement amochée et une jument qui tenait à peine sur ses pattes feraient un excellent dîner pour n'importe quel fauve affamé... Voire pour un cow boy en quête de bêtes à capturer. Ithaa huma l'air, s'imprégnant des senteurs humides de la rivière, de celle de la roche détrempée ainsi que des sous bois à l'approche du soir puis elle reporta son attention sur Anis, s'approchant d'elle pour placer sa tête derrière ses antérieurs et tenter de la soulever, espérant que son geste ne serait pas vain.

Spoiler:

Lève-toi. Lève-toi, Anis. S'en est fini de la magnifique jument qui t'as aider. S'en est fini d'elle. Reprend-toi, lève-toi. Tu ne peut pas rester comme-ça tout le temps, sinon, un nouveau puma vous attaquerons, ou plutôt t'attaquerons. Les larmes te brouille la vue et tu es coucher tout prêt de se corp sans vie. Tu ne fais pas attention à ses flancs zébrés que se relève doucement. Lentement, tu essaie de te relevé. Mais la volonté n'est plus. Elle ne fait plus partie de toi. Tu n'as même pas pu l'aider à ton tour, et ça t'énerve. Elle, Ithaa. Elle a tout fait pour t'aider. Elle a remplacer ta mère à ton chevet, elle t'as booster, elle t'as susurrer d'une vois douce et chaude des mots qui t'aiderons plus tard, et maintenant, elle a périt. Pourquoi ? Parce que tu as été égoïste. Égoïste. Le mot qui te décrit le mieux dans ce genre de situation...

Derrière elle, Ithaa ouvre faiblement les yeux. Anis, retourne-toi et regarde. Regarde ! Elle est en vie. La jument qui l'a sauver. Anis, avec un dernier soupir, regarda la jeune jument. Le corp de la jeune jument. Mais elle vit les yeux saphir de celle-ci de planter dans ses yeux vert emeuraude. Anis arrête de se forcer à se relever. Elle entre-ouvre la bouche. Elle plisse les yeux et fronce les sourcils. Elle lui a fait tellement peur... Ithaa releva vivement son encolure pour se retrouver assise sur le postérieur. Anis vit s'envoler la poussière, Ithaa battant de la queue. Pourquoi faisait-elle ça ? C'était pour ce donner du courage ? Puis, la jument d'ébène fut debout. Anis releva la tête et essaya a son tour de se lever. Ithaa inspira fortement, Anis l'entendait. Elle avait surement mal. Comme elle.

"- Viens Anis, le crépuscule arrive, il faut que tu arrives à te lever, nous faisons des proies faciles ici, nous sommes trop exposées. J'aimerai que ce soir nous ayons rejoint ton troupeau. Je te parlerai de ta mère en chemin si tu me souhaites."

Anis obéit en silence. La voix d'Ithaa c'était faite dur, presque froide. Peut-être l'avait-elle froisser en l’appelant "grande soeur". Anis, avec l'aide de la jument d'ébène, se mit sur ses pattes. Celle-ci tremblait légèrement mais elle pouvait avancer. Anis leva la tête avant de rejoindre Ithaa. Le ciel devenait rosée, c'était magnifique. Vraiment, vraiment, vraiment magnifique. Quand elle baissa la tête pour revenir sur terre, Ithaa avait avancer de plusieurs pas. Anis, essayant de bouger le plus vite possible, s'essaya au trot. Elle allongea ses foulées doucement, tremblant. Mais elle ne tomba pas. Quand elle rejoignit Ithaa, elle ne ralentit pas. Elle passa alors au galop, mais sa plaie l'empêcha d'aller plus loin. Elle ralentit, et un petit sourire au lèvre, se colla au flanc - celui qui n'était pas blesser, bien sur ! - d'Ithaa. Le ciel devenait de plus en plus noir, et Anis attendait avec impatience les étoiles. Elle murmura un peu fort, comme si elle parlait au ciel :

"- Etoiles. Petites étoiles. Où êtes vous ?... Je veut que se soir, vous veniez me voir, pour qu'on joue ensemble. Maman, maman. Tu es parmi les étoiles. Toi aussi, tu peut venir. J'ai tellement de chose à te dire. "

Puis, elle repris doucement la route. Les paroles de la jument revinrent dans sa tête. Elle lui avait promis de lui raconter ce qu'elle savait. Mais elle n'osait pas lui demander. Elle avait réellement peur de l'avoir froisser en l’appelant comme-ça. Anis se décolla un peu et un courant d'air passa prêt d'elle la faisant frissonner. Tout compte fait, elle n'était pas si mal, contre son flanc. Elle se remit en place et ferma les yeux. Elle avait confiance en la jument noir. Elle pouvait la suivre, même les yeux fermés. Alors qu'Anis se sentait en sécurité, elle osa poser une question :

"- Ithaa... Ithaa-... Je, je t'ai vexée en t’appelant- en t’appelant "grande soeur" ? "

♣. Il était une fois...


Ensemble, collées l'une à l'autre comme en symbiose. C'est ainsi qu'Ithaa et Anis réussirent à se relever, à échapper à leur condition mortelle de proie facile, échapper à leur place de choix sur la carte des menus du jour. Ithaa s'était détournée d'Anis pour avancer lorsqu'elle avait constaté que cette dernière n'avait plus besoin de son aide. Elle ne constituerait plus que son escorte. Alors qu'elle marchait lentement, elle leva la tête pour humer l'air, détaillant les senteurs d'humidité qui assaillaient ses naseaux: Les roches mouillées, l'air crépusculaire, les sous bois où se condensait l'air du soir. Sa fine tête relevée vers le ciel, elle ouvrit les yeux lentement, laissant à peine filtrer leur éclat de glace, et contempla le ciel où se couchait le soleil rougeoyant. Elle observa avec attention les différentes teintes de rouge, rose et d'orange qui s'étalaient en une palette riche et chatoyante. Son regard se perdit au milieu de ces teintes flamboyantes, cet espace parsemé de pétales dorés, sur un fond allant du rouge alizarine au terracotta en passant par des éclats pourpres, incarnat voire auréolin qui s'accrochaient aux arêtes des roches et aux cimes des arbres feuillus. Plantant le décor, la berge boisée et l'immense cascade se détachaient en une silhouette noire mystérieuse, d'apparence inaccessible. L'eau chutant était transfigurée: d'habitude blanche aux des reflets bleu et vert de gris elle était actuellement parée de ses plus beaux atours, d'or et de bronze, rideau de métal en fusion, plus fine que le plus fin des cheveux, ornée d'une auréole d'écume et de brume argentée traversée par des rayons flamboyants.

Fermant soudain les yeux, Ithaa tenta de s'imprégner à jamais de cet instant aux accents magiques. Malgré sa peine, la douleur que lui faisait endurer son flanc déchiqueté, elle était heureuse. Jamais crépuscule ne lui avait semblé si beau, si serein depuis le décès de sa mère. De plus, les notes d'or et de bronze lui rappelaient étrangement Ambre dont l'esprit semblait envelopper tendrement sa fille à chaque instant. Un vent frais balaya la plaine, faisant voleter sa crinière, décalant le toupet d'Ithaa qui ouvrit les yeux avant de s'ébrouer délicatement. Elle était heureuse d'avoir quitté le sol de galets glissants et instables pour retrouver la douceur de l'herbe tendre, smaragdine. Elle glissa un regard bienveillant en direction d'Anis. La petite pouliche pie l'avait rattrapée malgré son équilibre encore précaire et ses longues jambes toutes frêles. Sentant, qu'elle ne devait pas la fatiguer trop tôt après leurs vives émotions, Ithaa ralentit le pas pour permettre à la fille d'Ambre de la rejoindre. Ithaa laissa tomber son encolure entre ses jambes, arrachant quelques brins d'herbe du bout des dents au passage, espérant qu'Anis comprendrait sans qu'on lui dise que ce serait leur seul dîner avant l'arrivée à son troupeau. Elle balança presque imperceptiblement son encolure afin de détendre ses cervicales et ses vertèbres courbaturées avant de redresser la tête pour progresser plus aisément.

Le soir tombait doucement déjà et Ithaa se surprit à plusieurs reprises à divaguer, s'enfoncer dans les méandres tumultueux de ses pensées. Subitement, elle sentit un corps chaud se coller à elle ce qui lui arracha un petit hennissement de surprise. Elle écarquilla les yeux et tourna vivement la tête pour découvrir Anis appuyée tout contre son flanc valide. La pouliche semblait elle aussi perdre pied à mesure que son énergie s'épuisait et reproduisait machinalement le geste que tout poulain ferait avec sa mère... Ithaa fut surprise, ni flattée, ni outrée... Juste surprise. Aucun sentiment particulier ou connu ne se manifestait au fond d'elle, aucune pensée ne traversait son esprit. Elle se sentait juste vidée mais pleine d'une chose étrange, inconnue, qui la poussa tout naturellement à caresser les flancs d'Anis de sa queue soyeuse. Cette dernière tourna sa petite tête encore duveteuse vers le ciel déjà nocturne et souffla vers la voie lactée ces mots:


"- Etoiles. Petites étoiles. Où êtes vous ?... Je veux que ce soir, vous veniez me voir, pour qu'on joue ensemble. Maman, maman. Tu es parmi les étoiles. Toi aussi, tu peux venir. J'ai tellement de choses à te dire. "

Intriguée, Ithaa coula vers elle un regard presque maternel, espérant que la pouliche la remarquerait et lui explique peut-être un peu plus son comportement de l'instant. Cependant, cette dernière sembla sombrer dans un mutisme impénétrable. Ithaa décida donc de ne pas l'importuner et prêta attention au silence assourdissant de la nuit, tentant de scruter la brume noire et oppressante de la nuit. Perdue dans son monde d'inquiétudes et de paranoïa, elle sentit un étrange vide bientôt comblé par un courant d'air frais à l'emplacement de la pouliche. Un frisson parcourut le corps d'Ithaa et c'est à peine si elle eut le temps de s'arrêter pour se retourner qu'Anis avait déjà reprit sa place... La pouliche était selon toute évidence légèrement perturbée par quelque chose. Une petite voix douce et hésitante l'interpella subitement.


"- Ithaa... Ithaa-... Je, je t'ai vexée en t’appelant- en t’appelant "grande soeur" ? "


Un petit rire cristallin et sincère échappa à Ithaa qui, une fois de plus fut extrêmement surprise par Anis.


" Non, tu ne m'as pas vexée, rassures-toi Anis." glissa la jument ying et yang avec un sourire qui se voulait amical
"C'est juste que... Disons que... Eh bien ça m'a rappelé ma propre mère qui m'a demandé de retrouver mon frère juste avant qu'elle ne se fasse assassiner. Et le plus étrange dans l'histoire c'est que la seule personne que j'ai rencontrée et qui ait jamais connu Alfératz, c'est ta maman, Ambre. Alors tu vois... Ça m'a un peu secouée mais certainement pas vexée."


Ithaa avait lâché ça à Anis d'une traite, sans reprendre son souffle une seule fois, marquant à peine la ponctuation. Pourtant, elle était restée calme, sereine... Presque trop froide peut-être, mais cela ne dérogeait pas à son comportement habituel. De plus, la chaleur d'Anis contre son flanc par cette nuit noire la poussait à continuer. Elle devait lui parler de sa mère maintenant, sans en taire un seul mot.


"Ambre... ta mère ... Je l'ai rencontrée un peu comme toi, près d'un cours d'eau. Elle m'avait semblé un peu âgée mais flamboyante, forte. Elle attendait un poulain, toi, lorsque je l'ai vu et... Je n'en suis pas sûre mais je crois que ça contribuait à la rendre heureuse. Elle rayonnait comme un soleil et ne se laissait pas faire par une jeune jument impétueuse comme moi. Qu'elle avait sûrement été dans sa jeunesse d'ailleurs. En fait, lorsque nous nous sommes rencontrées, je pense qu'elle m'a confondue avec mon frère. Elle le connaissait mais j'ignore les relations qu'ils ont pu entretenir... Elle ne semblait pas en savoir beaucoup de lui à bien y réfléchir. Je lui ai alors raconté mon histoire et lui ai proposé de me suivre, elle a acceptée. J'ai compris qu'elle était de nature généreuse, bienveillante... Malheureusement elle était bientôt arrivée à terme et... Et nous n'avons jamais voyagé ensemble."

Des larmes salées perlèrent aux yeux d'Ithaa, elle ne savait pas comment raconter la suite, comme lui raconter qu'Ambre est morte parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour elle de pouliner. Elle ne pouvait pas montrer sa tristesse à Anis qui se serait sans doute sentie coupable de la mort de sa mère... Elle n'était pourtant pas responsable, elle n'était qu'une pouliche. Une innocente pouliche. Ithaa pressa légèrement le pas, trottant presque. Elle se sentait comme poursuivie par l'esprit d'Ambre qui lui hurlait de tout dire, de tout raconter.

Un rire vient jusqu'au oreilles d'Anis. Pourquoi rit-elle ? En fin de compte, elle ne l'a pas blesser ? Non, on ne dirait pas. La jeune pouliche laisse un petit soupir s'échapper tandis qu'Ithaa rigole encore. Anis, de ses magnifiques yeux verts, la regarde, s'assurant qu'elle ne ment pas. Alors, Ithaa, pour la rassurer, lui offre un sourire au quel Anis répond. Ses joues s'emflammes. Elle n'aurait pas dut juger Ithaa aussi rapidement. Mais Ithaa, encore une fois, la rassure :

" - Non, tu ne m'as pas vexée, rassures-toi Anis. C'est juste que... Disons que... Eh bien ça m'a rappelé ma propre mère qui m'a demandé de retrouver mon frère juste avant qu'elle ne se fasse assassiner. Et le plus étrange dans l'histoire c'est que la seule personne que j'ai rencontrée et qui ait jamais connu Alfératz, c'est ta maman, Ambre. Alors tu vois... Ça m'a un peu secouée mais certainement pas vexée."

Anis ne comprenait qu'à moitie, mais elle écouta jusqu'à la fin, l'histoire d'Ithaa. Elle aussi, avait perdue sa mère, elle aussi, avait un frère. C'était presque la même histoire, sauf qu'Anis, son frère, il ne l'aimait pas. Mais alors, vraiment pas... Alors, la jeune pouliche tourna la tête au sens contraire pour ne pas avoir à croiser le regard d'Ithaa. Elle ne voulait plus pleurer devant cette grande personne qui avait endurer autant qu'elle, les malheurs de la vie. A côté, Anis n'était qu'une chochotte.

"- Ambre... ta mère ... Je l'ai rencontrée un peu comme toi, près d'un cours d'eau. Elle m'avait semblé un peu âgée mais flamboyante, forte. Elle attendait un poulain, toi, lorsque je l'ai vu et... Je n'en suis pas sûre mais je crois que ça contribuait à la rendre heureuse. Elle rayonnait comme un soleil et ne se laissait pas faire par une jeune jument impétueuse comme moi. Qu'elle avait sûrement été dans sa jeunesse d'ailleurs. En fait, lorsque nous nous sommes rencontrées, je pense qu'elle m'a confondue avec mon frère. Elle le connaissait mais j'ignore les relations qu'ils ont pu entretenir... Elle ne semblait pas en savoir beaucoup de lui à bien y réfléchir. Je lui ai alors raconté mon histoire et lui ai proposé de me suivre, elle a acceptée. J'ai compris qu'elle était de nature généreuse, bienveillante... Malheureusement elle était bientôt arrivée à terme et... Et nous n'avons jamais voyagé ensemble."

Ambre. Maman. Toujours ce prénom qu'elle associait avec "maman". Elle tourna vivement la tête vers Ithaa, et, les larmes qu'elle vue aux yeux de la grande jument d'ébène lui serra le coeur. Elle s'arrêta pendant quelques secondes, fronçant les sourcils. Non. Ithaa ne devait pas pleurer. C'était une grande jument, forte et belle, qui allait s'en sortir, même si elle n'avait personne avec elle. Mais la jument, aux lieu de se retourner, pressa le pas, trottant presque. Anis, hennissant, lui cria :

"- Ithaa ! Ithaa ! Pourquoi tu part ? Ithaa ! Maman était forte, elle était comme toi ! Tu es forte, tu es belle ! Pourquoi tu part ? Ithaa ! Elle est morte, mais c'est pas ta faute ! C'est la mienne ! J'étais une erreur, et mon frère me l'a fait comprendre... Mais toi. Toi tu es forte, grande, tu peut avancer sans qu'elle te hante !"

Anis avait rejoins Ithaa en trottant, même si ses blessures la tiraillée. Elle se mise devant elle, plantant son regard verts dans celui saphir de la jument. Puis, avec toute la force qu'elle avait, elle retint les larmes qui lui venait. Elle se serra contre le poitrail de la jument d'ébène et doucement, elle souffla :

"- Tu sais Ithaa, y faut pas t'en vouloir. C'est ainsi, c'est la vie... Elle était vieille, d'après ce qu'a dit maman."

• Toujours d'actu' ? ^^